il y a un cimetière à l’écart de la ville
c’est une butte verte ombragée des ramures
des chênes alentours

l’herbe y reste très verte parce qu’on y vient pas
très longtemps pas
pour s’y attarder
y pic-niquer y manger même ceux qui cherchent des marges
n’y viennent pas pour boire ou pour s’embrasser ou pour. seulement parfois pour donner à boire
aux tombes éparses en haut, en bas, derrière, devant,
on dépose alors une petite coupole
de la taille d’une paume d’enfant
et chaque goutte d’eau qui y tombera
apportera au défunt une récompense
dit-on
n’imp, c’est Rabah qui m’a dit
Enfin non il a dit bid’a mais c’est pareil.

il y a un cimetière à l’écart de la ville
où nul bâtiment n’a été érigé
on a pas osé bâtir ici
la ville fait du bruit
la route aussi
tout au long de la route des immeubles s’érigent
partout partout partout partout partout partout
des immeubles s’érigent
mais le cimetière on l’a laissé tranquille
il n’y a que les morts qu’on laisse tranquille
ici à Tizi