la mer aujourd’hui fait un bruit de cage d’escalier
accourt le courant d’air la bourrasque ébouriffe
le sable et l’eau – le ciel est sale
comme un cahier d’enfant
La Marsa cube brouillon de Ténérife
la marée griffe
la plage qui se fend
galets coquillages olifants
métalliques
la Méditerranée s’est grimée en Baltique
le ressac s’en revient senestrement
les voiliers labourent une géométrie d’acier
ça bouge. ça bouge. on dirait que le flot a scié
le jour horizontalement
la mer aujourd’hui parle avec un accent allemand
*
la mer aujourd’hui fait un bruit de cage d’escalier
les mouettes se servent dans l’eau salée
comme dans les allées
d’un supermarché
eh t’as pas un briquet ?
demande t-on au soleil qui
se tait
on tousse les gorges sont iodées
on tousse. hum hum.
poitrines sirupeuses angines gorges rugueuses
les oiseaux pélagiques atterrissent paniqués
l’écume est abondante la mer n’avait pas niqué
comme ça depuis Moïse
les mouettes pratiquent encore le vol à l’arrachée
l’albatros tétraplégique n’arrive toujours pas à marcher
pioche son bec dans le sable pour y trouver un antalgique
sous un tesson de binouze
cherche en vain
le ciel est mauve c’est une nappe tâchée de vin
jour de lose
je m’apprête à pleurer d’un coup je me souviens
bientôt les arbres montreront ce que leurs branches ont fabriqué
la Fashion Week des frondaisons habillera les manches des gueuses
et le poète arrêtera de faire des rimes
quand sera passée
l’automnale déprime.