Il est si difficile d’être soi tout à fait
Je ne fais souvent que me ressembler
Qu’être comme on ferait l’école buissonnière
Je m’absente. M’éloigne puis m’allonge, sur des lits caillouteux
Et dors légèrement et dis dans mon sommeil
Des paroles posthumes celles que j’ai dites
hier
Chaque chose que j’écris est une apocryphe
Je suis sans faire exprès
la plupart du temps
Je ne traverse rien sans que tout me traverse
Partout où il passe mon regard se renverse
……………………………………………………………..Involontairement
Le monde éparpillé me fait pleurer souvent
J’ai un air de famille avec le vent
et l’air
Je laisse sur les tables des nimbes de café noir
Derrière moi l’odeur du cuir ottoman
et du papier journal
*Ma chaussure est éventrée sur le côté
…………………………………………………………… . J’ai faim.
Un client du kebab a laissé sa barquette de frites sur la table dehors
J’en prends une. Elle est froide et molle.
Il fait un peu froid. Il pleut un peu. La télévision à l’intérieur fait du bruit.
Il y a des clients. Cela m’indiffère.
Bientôt je rentrerai chez moi.
Il m’est si difficile d’être moi tout à fait
Je ne fais souvent que me ressembler
Le soir je ferme les yeux comme on ferme un cahier
tout entier recouvert de lignes bizarres
Il est si difficile d’être soi tout à fait
Mais c’est toujours mieux qu’être
Michel
Onfray