ma pensée de toi est toujours apocryphe
d’elle toujours immédiatement incrédule suspecte étonnée inquiète
comme un lapsus
un somniloque
un tic
de toutes les choses que j’aime tu es la plus involontaire cela veut dire
la plus aimable
ma pensée de toi me distrait de moi
m’inhabitue me dépayse
je m’encombre tu passes comme un courant d’air tu ne
dis rien tu suggères
quand moi-même je me lasse de ma permanence
fatigué par avance d’être demain le même corps
je ne change pas je me déniaise
je me rature
je ne me suspens pas
je m’accumule
demain c’est toujours
un aujourd’hui de plus
de toutes les choses que j’aime tu es la plus aimable cela veut dire
la plus involontaire
mon esprit dédalesque ou ta pensée faufile
son lierre
m’innove m’amenuise
me retranche ainsi la bise
hiémale
je ne connaissais pas ma propre suite
regardais l’horizon comme un excipit
il y a de mes pensées de mes façons j’ignore si elles sont les miennes
j’entends des voix mais
c’est toujours la tienne
cette ablation de moi cette
volonté autre ou cet autre vouloir
ma pensée de toi
survient sans moi et fait
de moi quelque chose d’autre
que moi ou bien quelque chose de
plus que moi de supplémentaire à moi mais non
pas pour autant de
moi véritablement
ma pensée de toi n’est pas un éclairage nocturne
elle n’est pas une main passant sur un livre poussiéreux
elle ne dessille pas
elle n’est pas un rayon
ma pensée de toi
réordonne
elle me fait me dissembler
douter
elle est inquiétante.