poèmes
denrées indigestes logorrhées malodorantes
viandes avariées virus susceptible
de réveiller la mauvaise conscience
et le rictus d’ironie
homo erectus est devenu sapiens
quand son larynx
a appris le vers libre
ce qui distingue l’homme de la bête
c’est l’esprit
c’est une mauvaise idée de me lire dans ta tête
arrête
le vers solitaire
pourrait n’être qu’un vers libre
un sonnet sans équilibre
s’attraper dans un recueil de poésie
mon poème pourrait faire éclore des œufs
une taie aux deux yeux
une colonie de bactéries
un rire jaune
nerveux
sainte Marie
ma rime a des caries
il y a un bruit
bruit
bruit bruit bruit à la fois sourd et précis
c’est l’orage
c’est l’orage
c’est l’orage
c’est l’orage
non c’est la rage
d’un poète anthropophage
dont les vers dévorent l’intérieur des corps
y font germer le plus sûr des goûts je veux dire
le dégoût
de la ^^^^^^^^^^^
de son contentement creux
de sa courtoisie
sa littérature sans estomac
sa science de santon sage
j’ai l’entrain de saint Thomas
et le désir d’apostasie
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ces gens là
sont des chasseurs
je le sais
ils
accaparent
séparent
se sentent
partout chez eux
te font haïr ton image de
tes propres yeux
feraient
de mon
bloc
de la data pour
des hypothèses
en toc
la couverture
d’une revue
à comité
de lecture
ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah ah
que mon poème soit un linceul
un linge sale
le râle de l’enfant seul
barrissement d’éléphant
crié de derrière les barricades
bégayé dit en saccades
en salves
malades
ne prends pas la partie pour le tout
je ne suis pas misanthrope
c’est juste que je ne t’aime pas
au sud de l’Europe
il y a un domaine que ton père occupa
descendant d’occiput penchés
sous képis hanches cassées
et si je m’avilis d’un crime
lis mes vers et comprends qu’il n’est
que littéraire
***
les ^^^^^^^^^ sont tous similaires en petitesse
de la terre à l’espace
ils sont épouvantés c’est un trait de l’espèce
s’imaginent sauvage dépeçant
détruisant
met
tant en pièces
paressant
s’engraissant
et qui paît l’herbe verte
pour lui
la confiance s’hérite ou durement s’acquiert
on n’entre pas comme ça
dans un carnet d’adresse
il faut mettre un harnais ou plutôt une laisse
une muselière sur la bouche
s’enrouler comme du lierre grimpant
et puis que se redresse
la colonne vertébrale en même temps que se torde
le corps
éviter le désaccord
être d’accord
se fondre avec le décor
pas de fronde de piano désaccordé
deuxième métier sera d’accorder
les cordes vocales
limer tes crocs pour éviter qu’ils mordent
langage bourgeois
ne croit rien de ce qu’il déclare
a la conscience claire et les mains légères
préserve son dos
sur les plaques de rue
omet le nom du porteur de fardeau
langage bourgeois jamais n’entre en crue
repère les intrus sélectionne ses recrues
point de forme
décore
son langage est sans corps
poli coupé
parfois drôle ensuite
moqueur
couleuvre boa constricteur
puis lierre décoratif
lyre grimaçante
enrobage mielleux
en robe de magistrat
ou en robe de bal
déballe
il se tait
mais se sent
avant que de l’entendre ou le voir
on le repère
à sa sueur
ce que sécrètent ses glandes sudoripares
sa puanteur particulière
c’est celle
de l’animal inquiet
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